Aventures à Mafate

18 février 2008

Voilà de retour de Mafate, encore vivants !! On a dû écourter la rando initialement prévue à 4 jours à cause de la météo : le cyclone Yvan se rapprochait dangereusement avec des fortes pluies et vents prévus à 120 km/h… Et aussi parceque les temps de marche indiqués dans les guides (pas le vôtre, Marie et François, mais le Petit Futé, et les distances sur les panneaux !) sont largement sous estimées pour des débutants de la rando comme nous, et qu’on ne serait pas rentrés à temps pour le boulot de Yohan qui commence aujourd’hui !

Bref, au départ était prévu le périple suivant : montée au cirque de Cilaos en bus, franchissement du col du Taïbit, descente dans le cirque de Mafate par Marla, marche vers La Nouvelle en passant par Les Trois Roches, remontée par l’îlet des Orangers et Sans Souci, redescente et retour à Saint Pierre par des bus.

Le 1^er jour, on arrive donc tous frais à Cilaos, mais chargés comme des mules avec nos sacs de rando, nos sacs des couchages et notre « tente Quechua qui se lance », fraîchement achetés à Décathlon ! (et que je me demande comment on va ramener…). Et aussi nos victuailles pour 4 jours !! On en bave bien pour la montée du col du Taïbit : 1000 mètres de dénivelé sous le cagnard, mais le plus souvent à l’ombre. On fait escale dans le « salon de thé » en plein air d’une assoc de hippies implantée là ! On boit une tisane « ascenseur » composée de 5 plantes censées nous donner la pêche (cannelle, hélianthrope, geranium-citronelle, « fleur jaune » et citronelle en bâton) et on admire le panorama « Bord Saint Pierre » d’où on voit chez nous !

Suite de la montée très difficile, les marches nous cassent les jambes !! Yo et moi avons du mal à suivre nos coloc : un Alpin fan de rando et un très sportif de 48 kg !! Heureusement ils ont été super, nous ont attendu et redonné la pêche quand on était crevés ! Après moult heures de galère, on arrive au col, la vue à la fois sur les cirques de Cilaos et Mafate est splendide, ça valait le coup !! Quelques étirements et tranches de pain de mie plus tard (partagées avec des oiseaux pas farouches), on est frais et dispo pour la descente, magnifique. Plus loin, un vrai pique-nique dans une herbe grasse et moelleuse (les meilleures sardines à l’huile de ma vie !) et on redescend pour arriver à Marla, village (ici on dit îlet) le plus au Sud du cirque. La descente (1000 mètres) m’a fait tétaniser les mollets !

Le village de Marla est super bizarre, petites maisons isolées nichées dans un grand pâturage, quelques fleurs par-ci par-là, une école (!) avec 6 cartables dehors et une marelle, quelques chèvres et quelques cultures (surtout du maïs).

On demande à un créole combien de temps il faut pour rejoindre la Nouvelle, l’îlet suivant. Il nous indique 1h, précisant le sourire aux lèvres 1h30 pour nous les zoreils. Et précise que c’est à peu près plat sauf à quelques endroits. Et qu’on a largement le temps de le faire avant la nuit ! Les panneaux confirment ces indications. On se lance donc, on traverse des torrents, des paysages rocheux et escarpés dignes du Mordor (pour ceux qui connaissent le Seigneur des Anneaux), on longe des falaises, on traverse des forêts inquiétantes, et au bout de 2h, la nuit tombe sans qu’aucun village ne se profile au loin. Avant que ça devienne dangereux, on décide donc de s’installer sur un endroit (le seul !) qui paraît plat, à un angle du chemin, sur un promontoire rocheux. Vive la tente Quechua !! Pas besoin de galérer à apprendre à la monter de nuit ! Yo crevé s’écroule dans la tente sans manger, avec les autres on passe une soirée sympa à papoter. Il fait froid et humide dehors mais sous la tente, c’est tout à fait supportable ! Sans matelas de sol, le sol est un peu dur. Au réveil, on découvre un magnifique panorama autour de nous ! Mais il s’est mis à bruiner dans la nuit. On continue notre périple à travers des paysages vraiment variés, et on met bien 1h à atteindre le village de La Nouvelle, pas de regret pour hier.

De trois choses l’une : soit les créoles n’ont pas la notion du temps, soit ils sont très forts en rando, soit on est vraiment très nuls. Je pencherais pour la 3, avec l’excuse qu’on était hyper chargés !

La Nouvelle, c’est LE gros village de Mafate, celui où des marchandises arrivent en hélico. Enfin, pas une ville non plus, à tout casser 50 maisons dispersées dans une drôle de plaine très verte entourée de remparts montagneux (dont le Maïdo, carrément vertical). Presque tout est fermé, c’est la basse saison touristique. Seule la boulangerie nous permet un ravitaillement en eau et gâteau moëlleux miel-coco délicieux. On papote avec la famille, la petite fille (Anne-Catherine) est un vrai petit diable qui ne tient pas en place, veut absolument me coiffer et me tire les cheveux ! Le père nous apprend que les sentiers du Nord sont fermés par l’ONF à cause d’éboulis. Le Maïdo (la sortie que je ne veux surtout pas faire, avec son chemin à la verticale) est fermé aussi. Pour sortir de Mafate, il nous faut donc soit rebrousser chemin (dommage), soit partir vers l’Est et le cirque de Salazie, par le Col des Bœufs (la dernière sortie). Le temps se dégrade, il se met à pleuvoir franchement. On envisage d’abord de passer la journée à la Nouvelle et y dormir ce soir. Mais le réseau de bus est quasi inexistant le dimanche… pas terrible pour Yo et son boulot… On se balade un peu dans La Nouvelle. Il n’y a personne dehors et le peu d’habitants qu’on croise sont plutôt taciturnes !

On appelle la météo, qui prévoit que la pluie et le vent vont empirer avec « Yvan » qui approche ! Donc, à 15h de l’après-midi et déjà à moitié trempés, on se décide à prendre le chemin du Col des Bœufs. Heureusement avec les étirements de Raph, les jambes ne sont pas trop douloureuses. La montée est assez difficile mais quand même moins qu’hier. Elle est coupée en 2 par un paysage magnifique : la Plaine des Tamarins, une forêt claire et biscornue, avec des mousses et plantes épiphytes qui pendent des branches, le tout sur un sol spongieux de pelouse épaisse et bien verte. Une vraie forêt préhistorique où un brontosaure serait tout à fait à sa place !

On remonte vers le col, c’est dur, on est crevés et trempés, la pluie et le vent empirent avec l’altitude. Arrivés en haut du col, on ne voit plus rien : brouillard, pluie, vent. Apparemment, il y a un parking de randonneurs en contrebas. Mais avec ce temps il n’y aura personne. Et les premiers bus sont à plusieurs km en contrebas, au 1^er village du cirque de Salazie. Impossible d’y arriver avant la nuit, et pas sûr de pouvoir camper là-bas ! La nuit va tomber et on va devoir camper là ! Ca craint…

Heureusement, il y a des vieux containers en tôle en haut du col. On se dit qu’ils pourraient au moins nous abriter de la pluie et du vent… Tout le monde a toutes ses affaires trempées et Raph n’a même pas de sac de couchage ! Donc, on est pas fier de ce qui suit, mais instinct de survie oblige, on a un petit peu forcé la porte déjà entrouverte d’un des containers pour s’abriter dedans. Il n’y avait que des vieilles palettes de bois, bouteilles vides et cageots. Et on a commencé à s’installer pour la nuit, en montant les tentes dedans et en essayant en vain de faire sécher quelques affaires ! On avait vraiment froid et on était trempés, il ne restait plus qu’à se mettre dans les duvets. C’est alors qu’une grosse bourrasque a arraché la porte du container… Et le vent a commencé à s’engouffrer dedans…

Peu après, une voiture est arrivée, pour déposer des Mafatais qui allaient descendre chez eux sous ce temps, les pauvres. Je flippe qu’on nous voie dans le container. Yo et Raph, plus courageux, vont au devant pour lui demander s’il peut nous emmener. Il va à Grand Ilet, le 1^er village en contrebas. Et il est d’accord pour nous emmener !! Branle-bas de combat, on replie les sacs et les tentes, c’est parti ! Il m’indique même quelle chambre d’hôte appeler. On est sauvés !!! En voyant la descente (soit-disant 7km), on réalise à quelle galère on a échappé. Je crois qu’on peut dire qu’on a eu de la chance, sur ce coup-là !!

Notre ange gardien nous dépose pile devant le pension, sous une pluie battante ! On y aurait jamais cru 1h avant, mais un LIT chaud et sec nous attend, ainsi qu’une douche chaude !! Et on ressort quand même sous la flotte prendre un repas chaud délicieux : Boucané aubergines et Poulet au soja, servis avec les traditionnels riz, grains (haricots rouges) et rougail (un délicieux mélange frais d’échalote et de piment vert doux). En plus, le cuisto est super sympa, un vrai passionné !

On dort comme des bébés avant de prendre le petit dèj délicieux à la pension, et de reprendre la route : 4 bus : Grand Ilet – Salazie, Salazie – Saint André, Saint André - Saint Benoît, Saint Benoît – Saint Pierre ! On arrive à 16h à la maison où il fait beau !! Mais en chemin, on a pu voir la cascade du voile de la mariée, l’église miraculée de Sainte Rose et surtout les Grands Brûlés, partie de la côte où coulent chaque année les laves du Piton de la Fournaise. Les laves de 2007 sont encore fumantes !! Il faudra qu’on retourne voir ça de près…

Voilà notre aventure ! Avec le recul, c’était un peu dur pour nous pour commencer, mais on était bien accompagnés, merci Raph et Seb de nous avoir attendus ! Et puis la prochaine fois, faudra tenir un peu plus compte de la météo, aussi…

Quelques photos du jour 1 pour la route :